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Lettre à un(e) lycéen(ne)

Quels sont les débouchés des études d'égyptologie ?

Strasbourg, aujourd’hui

Mademoiselle, Mondamoiseau,

 

Quels sont les débouchés auxquels donnent accès les études d’égyptologie ?  C’est une question courante et qu’il est important de se poser, parmi d’autres, au moment de choisir une orientation parmi les disciplines enseignées à l’université. Il n’est pas possible de donner une réponse univoque, simpliste et rassurante, car la réponse dépend du point de vue que l’on adopte, de l’attitude et des qualités du candidat. Voici plusieurs points de vue différents, qui peuvent se combiner ou s’opposer selon vos aptitudes et/ou vos aspirations. Vous êtes la seule personne qui puisse déterminer lequel de ces points de vue est prioritaire — avec l’aide de vos proches, qui vous connaissent bien.

  1. Si l’on se situe du strict point de vue quantitatif du nombre d’emplois en égyptologie (au sens étroit) sur le marché du travail par rapport à l’ensemble de la population française, je n’ai aucune hésitation pour vous répondre : si vous vous demandez quelles études donnent le plus directement accès à un emploi déterminé, commencez plutôt des études en électronique, en informatique ou dans d’autres domaines à forte valeur économique dans la conjoncture actuelle.

    Cependant, même de ce point de vue « quantitatif », il est très important, pour vos stratégies personnelles d’avenir, de garder un esprit large, ouvert et non simpliste, qui vous permettra d’augmenter considérablement vos chances de succès, y compris grâce à une formation dans des disciplines « orchidées » (c’est une jolie métaphore, que l’on utilise parfois à notre sujet) et dans des secteurs à emplois plus rares. Si votre seul objectif professionnel est de devenir un/une égyptologue salarié(e) pour faire des fouilles dans les sables d’Égypte — si vous restez attaché(e) aux images d’Epinal véhiculées dans les médias ou les romans de gare — alors vous avez statistiquement très peu de chance de trouver votre bonheur professionnel grâce aux études d’égyptologie (j’ai dit très peu, mais pas aucune). Il faut être à la fois plus humble et plus ambitieux et prendre conscience du fait que l’Université n’a pas pour vocation première de former à un créneau professionnel restrictif, mais de construire un citoyen intellectuellement libre et capable de se former, lui-même, très rapidement à un large panel d’emplois déterminés. L’Université apprend à apprendre et donne à ceux qui ont la capacité de s’en saisir des outils qui les mèneront plus facilement, dans la société et dans le développement personnel, vers des emplois et des positions de cadres que d’exécutants. De nombreuses professions autres que la recherche au sens strict permettent de trouver du plaisir dans sa profession tout en fournissant un service à valeur économique (emplois privés) ou sociale (emplois publics) : les métiers du patrimoine (par exemple conservateurs de Musée), de l’information (par exemple journalisme scientifique), de l’éducation (il ne faut pas seulement songer à l’enseignement secondaire, des maisons d’édition privées publient des ouvrages pédagogiques pour les jeunes et les moins jeunes)… Si vous éprouvez une ferme détermination à trouver du plaisir dans votre travail (en l’occurrence, en ne cessant jamais d’apprendre), mais que vous êtes prêt(e) à chercher ce plaisir dans une palette de professions non limitée à l’égyptologie institutionnelle, alors, d’un point de vue strictement probabiliste vos chances de trouver un emploi qui vous permette de vous réaliser sont très grandes (quelle que soit l’orientation, égyptologie, papyrologie grecque, archéologie byzantine ou je ne sais quelle discipline « orchidée  »). C’est cela que j’appelle ambition et humilité. Pour augmenter vos chances, je vous recommande aussi vivement de compléter votre cursus disciplinaire en accumulant, à votre initiative personnelle, des compétences techniques à utilité immédiate (maîtrise des logiciels informatiques, des langues vivantes, des relations humaines etc). Ces petits plus seront précieux pour faire la différence, lorsque vous devrez vous vendre à votre futur patron.

  2. En réalité, vos qualités personnelles, votre tempérament, vos décisions sont plus déterminants pour votre futur métier que la conjoncture extérieure du marché de l’emploi. C’est peut-être un peu inquiétant, quand on arrive comme vous à l’âge de prendre une décision d’orientation, mais c’est au fond une idée plutôt sympathique : ce sont la personne et le libre arbitre qui tiennent la plus grande place. Si vous êtes conscient(e) de vos moyens intellectuels, si vous trouvez beaucoup de plaisir à apprendre et que par conséquent vous travaillez énormément, si vous avez une volonté forte et beaucoup de persévérance, voire d’opiniâtreté, si vous avez un grand courage et de l’audace dans les moments décisifs, si vous êtes prêt(e) à donner beaucoup de vous-même, de votre dynamisme, de votre temps pour vous réaliser dans vos recherches, si vous croyez que l’expression de votre créativité vous donnera un supplément de vie et d’attrait y compris pour votre entourage, si vous vous rappelez que le marché de l’emploi, dans le domaine de la recherche, est mondial et que vous êtes prêt à aligner le plus de cordes nécessaires à votre arc pour que des compétences rares vous définissent comme un(e) candidat(e) original(e) sur ce marché international, alors vos chances de trouver un emploi, y compris dans le domaine de l’égyptologie au sens le plus étroit, sont réelles. Il ne s’agit pas d’être un « génie » (cela, c’est une image d’Épinal de plus, une pure figure littéraire — cela n’existe donc pas ailleurs que dans l’imagination), il s’agit de savoir ce que l’on veut et de peu à peu apprendre à savoir ce que l’ont peut (sauf à être très prétentieux et présomptueux, on ne peut pas prétendre savoir, avant de les avoir entamées, ce dont on sera capable lors de ses études universitaires, car les exigences sont très différentes de celles de l’enseignement secondaire — on peut avoir été un mauvais élève et se révéler un excellent universitaire et vice versa).

  3. Mais les études universitaires, ce n’est pas nécessairement ou pas seulement un moyen de trouver un emploi plus facilement ou un moyen de construire un échafaudage patient, courageux et ambitieux pour réaliser ses rêves, c’est aussi une source de développement personnel et d’enrichissement pour la vie. Si l’on poursuit des études universitaires aussi pour s’enrichir intellectuellement et humainement, quelle que soit la discipline choisie, 3 ans de licence et 2 ans de Master, c’est une chance et une richesse pour la vie, qui continueront de vous habiter ­— si vous en avez profité à fond en étudiant avec cœur — quelle que soit la profession que vous exercerez. De ce point de vue, quel que soit votre choix d’études universitaires, vous avez 100 % de chances de réussir votre projet.

En conclusion, il est très difficile de répondre à votre question sur les débouchés en égyptologie, puisque vous et vos proches êtes les seuls à vous connaître et à connaître vos priorités. Personnellement, j’ai eu de la chance, parce qu’arrivé à l’heure du choix mes parents ne se sont posé aucune question sur les débouchés (ou du moins ils ne me l’ont jamais dit). Ils se sont dit : « S’il ne fait pas ce dont il a envie, il ne le fera pas bien ».

En résumé vous devez vous poser trois questions : I. suis-je prêt(e) à  laisser ouverte mon imagination pour travailler, après mes études, dans un vaste panel de professions du secteur tertiaire, sans me limiter aux métiers de la recherche et de l’enseignement supérieur ? II. Si je ne jure que par l’égyptologie et que je tiens absolument à contribuer au progrès des connaissances dans ce domaine, en ai-je les capacités intellectuelles et surtout psychologiques (courage, opiniâtreté, assiduité au travail) — il est difficile de répondre à cette question avant d’avoir atteint le niveau Master 2 ! III. Mon but, en entreprenant des études universitaires, est-il aussi de m’enrichir culturellement et intellectuellement pour la vie ?

Si la réponse est oui pour au moins une des 3 questions, il n’est pas absurde de commencer des études d'égyptologie.

 

En vous souhaitant de belles études,

 

Frédéric Colin, égyptologue

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