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La Tombe de Padiamenopé (TT33) (responsables Frédéric Colin et Claude Traunecker)

Le nouveau projet de fouille depuis 2017 (Frédéric Colin)

L’Université de Strasbourg a commencé un nouveau projet de fouille dans le secteur de la tombe de Padiamenopé (TT33), en collaboration avec l’Institut français d’archéologie orientale, le CNRS et le Ministère du tourisme et des antiquités de l’Égypte. Dès la première campagne de fouille, en 2018, les résultats ont suscité un retentissement mondial, qui s’est confirmé lors de la campagne de 2019. Les fouilles, situées dans la vallée menant aux célèbres temples funéraires de Deir el-Bahari, ont révélé la présence d’un gisement intact de structures et d’objets remontant au début de la 18e dynastie (3500 ans), dans un état de conservation extraordinaire. La qualité des informations historiques et anthropologiques ainsi conservées, couplée à l’usage de méthodes de fouille innovantes, annonce des progrès importants pour une meilleure compréhension des gestes et rituels liés à l’accompagnement des défunts dans l’au-delà et pour l’identification des traces laissées par les mille petits métiers nécessaires au bon fonctionnement d’une nécropole des élites dans l’Égypte ancienne.

Frédéric Colin, responsable de ce nouveau projet, présente les premiers résultats dans une conférence intitulée : Sarcophages en contexte : étude multiscalaire d'un dépôt funéraire au début de la 18e dynastie. Cliquer ci-dessous :

Description du projet épigraphique

Par Claude Traunecker, 18 février 2011

  • La tombe de Padiamenopé à Thèbes date de la fin de la XXVe/début de la XXVIe dynastie (vers 650 avant J.-C). Elle est située à Louqsor, dans la plaine de l'Asasif, au pied du temple de Deir  el-Bahari. Avec ses vingt-deux salles souterraines réparties sur trois niveaux, ses 322 m de développement, ses 1062 m2 de surface cette tombe est la plus grande jamais creusée en Egypte. Ses parois (près de 2600 m2 à l’origine) sont couvertes d’inscriptions donnant une version revue et mise à jour des anciens livres funéraires. Son propriétaire, le prêtre ritualiste Padiamenopé était, non pas un haut personnage politique, mais un savant proche des rois de la fin de la XXVe dynastie et du début de la XXVIe dynastie.
  • Ce monument a impressionné les premiers voyageurs et fut décrit dès le XVIIIe siècle. Très tôt, le mythe d'un labyrinthe dangereux s'attacha à la tombe de Padiamenopé, alimentant une série de légendes et d'anecdotes. La richesse de son décor avec ses compilations de textes funéraires n'échappa pas aux premiers égyptologues. Mais les conditions de travail dans ces couloirs profonds à l'atmosphère empestée par les déjections de dizaines de milliers de chauves souris étaient peu engageantes. En 1881, Johannes Duemichen, fondateur de l'Institut d'Égyptologie de Strasbourg, se lança courageusement dans le projet d'une édition complète du tombeau et de son décor. Les deux premiers volumes consacrés au « Grabpalast » de Padimenopé parurent en 1884 et 1885. Mais Duemichen mourut en 1894, laissant son œuvre inachevée :  18 % seulement du matériel épigraphique était publié. Pour faciliter le travail futur, le Service des Antiquités d'Égypte décida alors de murer l'essentiel de la tombe afin de venir à bout des chauves souris. On transforma à cette occasion les trois premières salles en magasin de stockage d'antiquités. En conséquence,  le monument resta, à quelques rares et brèves exceptions, inaccessible au chercheurs pendant plus d'un siècle. Notons cependant la visite de von Bissing en 1936 et les travaux partiels de Maystre et A. Piankoff en 1942, 43 et 1944. En 1976, D. Eigner effectue un relevé architectural très précis de la tombe, publié en 1984.
  • En 2003, Claude Traunecker conçut le projet de reprendre la tâche laissée inachevée par son illustre prédécesseur à Strasbourg. En 2004, les travaux préparatoire commencèrent avec l'appui de l'IFAO (Bernard Mathieu) dans le cadre d'une collaboration entre le Conseil Suprême des Antiquités d'Égypte, l'Institut Français d'Archéologie Orientale et l'Université de Strasbourg. Il s'agissait de vider les premières pièces de la tombe et mettre à l'abri les deux mille objets entreposés là depuis près d'un siècle avant d'ouvrir le reste de la tombe. Chaque objet a été nettoyé, réparé au besoin, photographié, mis en fiche et rangé dans le nouveau magasin de la rive gauche. Enfin le 5 décembre 2005, les murs de protection furent abattus et la tombe rendue enfin à l'étude. En février 2006, une commission d'expert examina le monument pour établir un diagnostic pour les conditions de sécurité. Une équipe de tournage de la société de production alsacienne Seppia a suivi ces événements. À partir de 2006, l’Université Marc Bloch (Strasbourg II) a entrepris l’exploration épigraphique de la tombe. L'équipe de Strasbourg et de l'Université de Montpellier (Isabelle Régen, spécialiste de la littérature funéraire tardive) a travaillé dans la tombe pendant cinq campagnes d'étude et de fouille. Au cours de la dernière campagne, les travaux de nettoyage et de restauration ont commencé.
  • Avant la réouverture de la tombe on ne savait pas grand chose de Padiamenopé, ses fonctions, et on ne comprenait pas le caractère atypique de ce monument. Padiamenopé était un savant ritualiste qui affichait la fonction de secrétaire archiviste du roi, sans préciser de quel souverain il s'agissait. Très curieusement, il ne cite jamais les noms de son ascendance, sauf celui de sa mère. On ne comprenait pas comment un personnage sans titres politiques ou économiques importants pouvait bénéficier d'une tombe qui par sa taille dépassait celles des pharaons de la Vallée des Rois.
  • Les dernières campagnes ont permis d'apporter quelques réponses au nombreuses questions posées par cet énigmatique monument : des fragments de scènes jusqu'alors ignorées montrent que Padiamenopé sort d'une famille locale en rapport avec les cultes de Montou. Un de ses oncles était comme lui un ritualiste attaché au soin des regalia. Il n'est pas exclu que par sa mère il soit rattaché à la famille royale éthiopienne. Il apparaît d'après les nouveaux textes découverts, que Padiamenopé était un savant spécialisé dans les rituels royaux. Le monument conçu par l'archiviste de Pharaon est bien plus qu'une simple tombe : c'est aussi un lieu de pèlerinage et de culte avec un sanctuaire souterrain d'Osiris au cœur d’un gigantesque musée-bibliothèque. Le savant Padiamenopé a fait sculpter sur ses parois les résultats de ses travaux de compilation et de modernisation des grands recueils funéraires de l'Égypte ancienne, et incite explicitement les visiteurs du futur à les copier. L'architecture très originale, pleine de détours, de pièges et de leurres puise son inspiration dans des modèles très anciens. Certaines parties de la tombe sont des paraphrases architecturales de monuments de l’Ancien et du Nouvel Empire : la salle III reproduit une salle de culte d'un mastaba de l'ancien empire, les salles VI à IX s'inspirent des tombes royales de la Vallée des Rois, les salles X et XI ont pris pour modèle les appartements funéraires des pyramides des Ve et VIe dynasties. L'ensemble de XI à XVI , commandé par une porte scellée et réservé à un public choisi, est à la fois un hall d'exposition des résultats des travaux de compilation littéraire de Padiamenopé et une maquette du tombeau/sarcophage d'Osiris. Dans les trois chapelles XIV à XVI, on voit Padiamenopé en tant qu’officiant célébrer le culte aboutissant à la fabrication de la momie idéale d'Osiris-hemag, (Osiris-le-paré). Les parties intimes de la tombe comptent trois caveaux successifs, pour décourager les profanateurs. Au cours de la dernière campagne nous avons découvert un quatrième caveau, cache de la momie de Padiamenopé, creusé dans le sol du grand caveau aménagé sous le tombeau d'Osiris. Le programme décoratif de cette partie de la tombe réutilise plusieurs recueils funéraires déjà exposés dans la partie publique de la tombe. La composition du décor du grand caveau axial s'inspire directement des programmes des enterrements royaux du Nouvel Empire. L'étude récente des vestige de la cour à portique et le rapprochement avec la porte de Padiamenopé dans l'ensemble de Médinet Habou montre que le monument de l'archiviste royal était au cœur d'un culte aux morts de la nécropole, visités par le dieu Montou officiant. Nous proposons de rattacher ce culte aux cérémonies décadaires thébaines. Enfin, au cours de la dernière campagne nous avons découvert des éléments du matériel funéraire ainsi que des fragments d'une momie dans le caveau le plus profond : il semble donc que Padiamenopé ait effectivement été enterré dans son « Grabpalast ».
  • L'équipe de base est actuellement constituée par Claude Traunecker, responsable du projet, Isabelle Régen, Université de Montpellier, Lionel Schmitt, Université de Strasbourg, Emmanuelle Burfin, photographe anthropologue. Des collaborations avec des universités allemande sont prévues. La suite du projet se répartit en trois volets: 1. Poursuite du nettoyage des parois de la tombe (salles IV, V), étude des fragments dans le couloir XIII et reconstruction des huit statues de déesses aux angles du tombeau d'Osiris. 2. Suite de la fouille de la cour à portiques. 3. Poursuite des travaux d'épigraphie concernant la littérature funéraire classique par Isabelle Régen (Université de Montpellier) et Daniel Werning (Humbolt-Universität de Berlin) et concernant les textes liturgiques et d'accueil (Claude Traunecker, Université de Strasbourg et responsable du projet).

Éléments de bibliographie

  • Cl. Traunecker, « Les graffiti des frères Horsaisis et Horemheb », dans Egyptian Religion the Last Thousand Years, Studies Dedicated to the Memory of Jan QuaegebeurOLA 85, 1998, II, p.1192-1229, pour les prêtres des deux diadèmes et les fonctions de Padiamenopé voir p.1217.
  • Cl. Traunecker, BIFAO 105, 2005, p. 445-448.
  • Cl. Traunecker, BIFAO 106, 2006, p. 373-375.
  • DVD « La tombe 33, un mystère égyptien », un documentaire de Thomas Weidenbach, Seppia. Les exemplaires achetés auprès des Cahiers de Science & Vie permettent au public de participer au soutien du projet TT33 « Mémoires d'Égypte ».
  • Cl. Traunecker, « le palais funéraire de Padiamenopé redécouvert (TT 33) », dans Égypte, Afrique & Orient, 51, 2009, p. 15-48.
  • Cl. Traunecker,  « Le monde funéraire et les temples », dans Les Dossier d'Archéologie, hors série 16, Égypte, les portes du ciel, mars 2009, p.70-77.
  • Cl. Traunecker, « Le culte des dieux morts, un aspect méconnu de la religion égyptienne », dans Religions & Histoire, 29, novembre / décembre 2009, p.50-55.
  • Cl. Traunecker, Conférence à l'auditorium du Louvre le 8 décembre 2010 : résumé sur le site « ddchampo.com » par « manou », daté du 11 décembre.
  • Enseignement à l'institut Khéops : En 2010 et 2011, Claude Traunecker présente et commente des textes inédits de la tombe de Padiamenopé dans le cadre de séminaires d'épigraphie.

Aperçu en images sur les travaux menés dans la TT 33 (Cl. Traunecker)

Entrée de la tombe de Padiamenopé et les cours d'accès. (Cliché C.Traunecker)
Plan de la tombe de Padiamenopé (Dessin Claude Traunecker d'après les relevés de D. Eigner)
Travaux de nettoyage dans la salle V. (Cliché Cl.Traunecker)
Dégagement du linteau de la chapelle de Ouahibrê (TT 242) (Cliché Cl.Traunecker)
Le rituel de l'Ouverture de la Bouche en cours de nettoyage (Salle V) (Cliché C.Traunecker, traitement graphique E. Burfin)
Le couloir XIII et la face sud du Cénotaphe d'Osiris (Cliché Lionel Schmitt)
Une des déesses d'angle du cénotaphe (Cliché Lionel Schmitt, traitement graphique E. Burfin)
Le caveau XXII de Padiamenopé (Photo Cl. Traunecker)
Un fragment d'ouchebti de Padiamenopé en grauwacke glasuré (Cliché et traitement graphique E. Burfin)
Sans légende
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